05 Oct 2021

Friche de la Belle de Mai // Esthétique de l’invisible

Galerie de la salle des Machines / Friche de la Belle de Mai à Marseille / Dec 2019 / Janv 2020

Esthétique de l’invisible

Série « Epluchez-moi » et « Aliment de l’imaginaire, la cuisine Africaine muséographiée »

Exposition réalisée en production jointe avec La Friche de la Belle de mai et sur invitation de Alain Arnaudet son directeur / Création graphique de l’affiche de l’exposition Anne Laure Exbrayat /

L’exposition présente deux séries issues du travail de la photographe : « Epluchez-moi », réalisée en 2014 pour et avec les Banques Alimentaires sur le thème de la lutte contre le gaspillage et « Aliment de l’imaginaire, la cuisine Africaine muséographiée » réalisée en juin 2014 à la demande de « La maison de Fogasse » sur le thème de la cuisine Africaine.

Inscrivant son travail artistique dans le monde du comestible, le travail de Pauline Daniel fait appel à notre inconscient collectif et culturel et à notre imaginaire. Poétique, engagé, emprunt de fantaisie et parfois de féminisme, son univers intrigue, transporte et interroge le spectateur autour des questions contemporaines liées à l’alimentation.

Aliment de limaginaire // La cuisine Africaine muséographiée

Photographies Pauline Daniel

2014/2019

Dans le cadre d’une commande sur la cuisine africaine, la photographe, novice sur le sujet, a délibérément décidé d’adopter le point de vue occidental et de travailler sur ce regard fantasmé et ce qu’il implique.

Il existe une muséographie très spécifique adoptée de manière pratiquement systématique en occident pour exposer l’Art Africain : salle en immersion dans l’obscurité et faisceau de lumière en plongée sur l’objet afin d’en magnifier les volumes. Cette recherche d’esthétisation et de théâtralisation de la statuaire africaine incarne sans doute la fascination exercée par ces objets mystérieux et les rites secrets qu’ils dissimulent. Magnétisme pour la culture de l’Autre inscrit dans l’inconscient collectif européen mais aussi domination et appropriation propre à notre histoire coloniale.

Cette scénographie esthétisante a été maintes fois contestée : exposés dans des musées comme des objets d’art, ces objets, arrachés à leur lieu d’origine, perdent leurs fonctions rituelles, sociales, intellectuelles et spirituelles qui justifiaient leur élaboration.

Ainsi, interrogeant la question de « l’ethnocentrisme », la photographe détourne les codes de son propre bain culturel et exploite le poncif muséologique pour livrer ici sa vision fantasmée de la cuisine Africaine :

La découverte d’ingrédients inconnus et aliments courants de la cuisine Africaine (racines, tarot, igname, gombo …) et leur mise en lumière ponctuelle les transforment en masques puissants et mystérieux et autres statuettes incarnées.

Les macabos scarifiés se transforment en déesses de la fertilité, les piments deviennent pigments, les poivrons rouges, brulés pour être mieux pelés, évoquent des fétiches guerriers et les gousses de caroube, substitut naturel au chocolat en Afrique, deviennent des maternités apparaissant dans un souffle de cacao …

Par un jeu de détournement des habitudes muséographiques, ces images reposent ainsi sur la fascination culturelle exercée par l’Art africain et la construction de son récit en occident.

A l’heure où il est enfin question de la restitution de ces artefacts dans leurs pays d’origine, cette série cherche à interroger nos propres biais de lecture et d’appréhension de la culture de l’Autre.

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